dimanche 30 avril 2017

Peut être parce que c'est un drôle de soir, un des seuls passé seule dans ce nouveau quotidien, une veille de déménagement, un au revoir de plus, des changements qui bouleversent excitent font battre le cœur un peu plus vite et de manière bien désordonnée. Il y a une bougie qui brûle, celle de l'hiver dernier retrouvée, Barbara qui chante doucement, bien sur, et le grand lit-radeau blanc. Ça, ça ne changera jamais. Je suis passée par ici, et j'ai relu, vos mots et les miens, l'immense brouillard sombre duquel je suis sortie, je crois et puis non je suis sure. Je les vois au loin derrière, ces mois de lutte pour être juste moi, debout, chaque matin, pour réussir à se lever puis réussir à s'endormir, et je me rends compte combien j'allais mal, bordel. Comme un caillou sur la plage, malmené par les marées, emporté au large, poli et usé, qui finalement est un jour ramassé et reposé un peu plus loin. 
Aujourd'hui j'ai appris à me préserver de la méchanceté, le mépris, la dureté que j'avais adoptés (choisis ?) comme compagnons depuis des années. J'ai accepté de ne plus me faire du mal, de ne m'entourer que de doux, même si c'est renoncer à des bases solides sur lesquelles je croyais me construire. Et finalement, c'est si bien vous savez, des matins souriants sans angoisse sourde sur ce qui m'attend dans la journée. C'est si bien de travailler sans pleurer en cachette, si bien de ne pas se faire gronder par la personne qui partage nos nuits, si bien d'imposer ses choix, de savoir ce qui est le mieux pour soi et de le décider chaque jour, même si ça change souvent, et alors. Oh, j'ai encore des peurs, j'en suis pétrie, mais je sais maintenant comment avancer, j'ai compris un peu. 
Demain je quitte cet appartement dans lequel je me niche depuis dix huit mois. Encore un commencement. 

Je voulais dire merci, pour ces cinq ans de présence à mes côtés
Pour les petits mots, les merveilleuses attentions
Je crois qu'une page se tourne, 
C'était bien,
m e r c i 
& de la joie

7 commentaires:

  1. Merci à toi d'avoir partagé quelques instants de ta vie en construction. J'ai beaucoup aimé te lire pendant ces années. Je te souhaite d'être sereine et bien dans tes baskets, comme ça semble être le cas, encore pendant le plus longtemps possible.

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  2. Un gros bisou. Ou même, plusieurs gros bisous.

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  3. Bonne route ! Et de la joie, beaucoup de joie !

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  4. Et puis il y aura d'autres pages, ailleurs, sans nul doute, ou de petits papiers, parce que si les maux te quittent peu à peu, et que c'est bon d'entendre ça, les mots, eux, seront toujours au bout de tes doigts, à la fleur de ton talent, pour dire avec justesse ton regard si particulier et si doux sur notre monde un peu fou... mais aussi plus joli grâce à toi et ceux de ta trempe.

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  5. Je te lis en pointillés depuis 4 ou 5 ans, l'adresse de ton blog est cachée au fin fond d'un dossier de mes marques pages; lors de mes nuits d'insomnies je te lis parfois. Cinq années où je suis devenue maman puis infirmière et bientôt puéricultrice, tes mots si justes sur les maux de la vie, sur les maux des soignants me manqueront. Peut être nous croiserons nous au détour d'un couloir d'un service de pédiatrie; Je te souhaite le meilleur !
    Anna

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  6. J’ai échoué ici, chez toi, une nuit d’insomnie. Échoué ou amarré je ne sais pas, puisque depuis je n’ai plus levé l’[e]ancre. Dans échoué on entend de la détresse et du désespoir. Bien sûr il y en a eu ici, la vie c’est ça aussi. [Sous les avalanches on n’est pas étanche].
    Mais il y a eu tellement plus. Il y a eu de la joie, de l’amour donné, lancé au monde en bouclier, de l’amour reçu, partagé, trahi, c’est ça aussi la vie. Il y a eu un goût de sel au coin de lèvres et des sourires lumineux [quand tout va bien, il fait si beau ce matin].
    Il y a eu des longs couloirs d’hôpitaux, il y a eu les deux côtés de la barrière. [Ces blessures que personne ne soigne, tous ces cailloux dans tes souliers, tous ces combats, ces foires d'empoigne t’ont laissés bien abimée]. [Tu as gravi la montagne, tu as atteint le sommet. Le temps qui toujours sur tout gagne, même lui ne peut te l'enlever].
    Et pour traverser tout ça il y a eu ton espérance, ta bienveillance, du doux et du pilou pilou.
    [À l'aulne, à l'orée du jour, le soleil sera de retour en dépit des années noires, des années folles, des heures de gloire]. Tu as été [une fille qui penche, en robe et tennis blanches], tu as fait parti des [gens qui doutent, des gens qui trop écoutent leur cœur se balancer, des gens qui n'osent s'approprier les choses, encore moins les gens, ceux qui veulent bien n'être qu'une simple fenêtre pour les yeux des enfants].
    Tu as été et restera cette belle personne au grand cœur, qui fait confiance à la vie, qui ose y croire et rallume les étoiles une à une. [Sur ta peau les bleus et les brûlures, sur ton menton les trois points d'suture, la cicatrice en haut de ton bras, on t’aimerait moins si tu les avais pas]. [Il y aura encore deux, trois arrêtes, des auto-tamponneuses dans ta tête, des épines, des ronces et des orties, il y aura encore un peu la vie (beaucoup)].
    [LA VIE DEVANT SOI, DEVANT TOI].

    Merci pour tout, bon vent à toi, tu vas manquer. Je te souhaite de la légèreté, de l’amour, de l’amitié, des terrasses de café, des rires d’enfants, des joies de grands et l’odeur de la mer.
    Et surtout, surtout prends soin de toi. N’oublie jamais que « Quelque soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever » (dixit mon chef en réa lors d’une garde interminable). Ne laisse personne éteindre ta lumière. Tu sais combien tu brilles maintenant.
    Hélène

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  7. Oh le billet surprise, un peu piquant parce que c'est pour dire comme un au revoir, mais gai et plein de souffle... tu m'impressionnes avec ce chemin qui t'appartient, comme une vie de grande en accéléré!

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